Vous voulez réussir vos études, trouvez-vous un « job » ! Le CERU, laboratoire d’idées sur l’éducation et la jeunesse proche de l’UNI, syndicat étudiant de droite, s’est posé la question de la corrélation entre « job étudiant » et réussite universitaire. Si le think-tank de droite n’explique pas comment trouver du travail par ces temps de grand chômage, il prouve par A+B que fac et job font bon ménage. Un pavé dans le jardin de l’UNEF. L’UNEF, syndicat de gauche, première organisation étudiante, avait déploré fin août que « 73% » des étudiants travaillent et que, en citant l’Insee, « le salariat étudiant multiplie par deux les risques d’échec universitaire ». La ministre de l’enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, avait immédiatement nuancé le propos : 22 % des étudiants ne travaillent que l’été, 17 % sont en alternance (ce qui s’inscrit donc dans leurs études), 20 % ont une activité allant de 3 heures par semaine à un mi-temps et 13% seulement exercent un emploi « incompatible avec leurs études ».
L’assertion du CERU doit être nuancée par le temps et la nature du travail exercé. Pour y voir clair, les analystes du CERU ont compilé les études existantes, françaises et étrangères, montrant qu’au dessous de 16 heures de travail hebdomadaire, il n’y avait pas de corrélation entre le fait d’être salarié et l’échec scolaire.
La preuve par la science
Enfin, à condition de bien choisir son emploi ! En 2010, Olivier Galland, Elise Verley et Ronan Vourc’h avaient démontré que « les emplois liés aux études sont en général peu pénalisants et peuvent même augmenter de façon surprenante la probabilité de réussite ». A l’époque on s’y était assez peu arrêté.
Et pourtant, les chercheurs étaient même allés plus loin, établissant, calculette en main, que « le temps personnel réservé aux études durant la semaine est en moyenne de 12h30 pour les jeunes qui ne travaillent pas, alors qu’il est légèrement supérieur à 10 heures pour les jeunes ayant un emploi non lié aux études. En revanche il est presque de 18 heures pour les jeunes ayant un emploi lié aux études d’au moins un mi-temps et de 15 heures si l’emploi est inférieur au mi-temps ». Bref, on étudie davantage si on travaille déjà beaucoup à l’extérieur… La nature humaine est parfois étrange.
Ce qui ressort clairement de cette enquête, c’est qu’il faut travailler « plus » pour gagner « plus de points » ! Toute ressemblance avec des personnages ayant exercé de hautes responsabilités est évidemment fortuite…
Jean-françois Giret, chercheur à Dijon, a poussé plus loin le raisonnement d’Olivier Galland, d’Elise Verley et de Ronan Vourc’h et établi le ratio qui permet à chaque parent de mettre son enfant étudiant au boulot en gardant bonne conscience. Les chances de réussir son année universitaire passent de 1 à 1,55 pour les étudiants qui ont une activité supérieure à un mi-temps dans leur domaine d’études ; de 1 à 1,42 s’ils travaillent moins d’un mi-temps. En revanche cette chance de réussir chute à 0,68 chez ceux qui sont condamnés à se salarier plus d’un mi temps dans un secteur non lié à leurs études.
Le week-end en fast-food ou à la caisse du supermarché ? Pas top. Sauf peut-être pour les études de comptabilité ou de sociologie…
Maryline Baumard
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