CERU

Par Olivier Vial

Le 26 mars 2025 à 10h31

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« La tolérance ? Il y a des maisons pour cela ! », écrivait Paul Claudel de façon prémonitoire. En effet, à force de tout tolérer, nous finissons par cautionner l’intolérable. Le dernier sondage Harris Interactive pour le CRIF et l’Institut du Travail sur le fait religieux en Entreprise, nous en apporte une preuve saisissante. Une part croissante de la jeunesse — et particulièrement les 18-24 ans — est désormais prête à renoncer à ce qui constitue la base même de notre société : la laïcité, l’égalité entre les sexes, le refus des discriminations.

Chez l’ensemble des salariés, l’acceptabilité des revendications religieuses progresse : 36 % se déclarent favorables au port du voile en entreprise (+5 points depuis 2021) et 31 % à l’installation de salles de prière sur les lieux de travail (+3 points). Déjà, ces chiffres devraient alerter. Mais c’est surtout la rupture générationnelle qui inquiète.

7 jeunes de 18-24 ans sur 10 se disent favorables au port du voile en entreprise (+16 points) ! Ils sont également 58 % à soutenir la création de salles de prière (+17 points), contre respectivement 20 % et 19 % chez les 50-65 ans. Un gouffre de 50 points. Il ne s’agit plus d’un glissement, mais d’un renversement complet de perspective.

Pire encore : cette tolérance affichée ne s’arrête pas aux revendications cultuelles. Elle en vient à justifier des comportements qui, hier encore, auraient été dénoncés comme de pures discriminations. Ainsi, 28 % des salariés interrogés trouvent normal qu’un collègue refuse de serrer la main d’une personne du sexe opposé. 21 % estiment acceptable qu’un salarié refuse de s’asseoir à côté d’une femme. Et 19 % ne voient aucun problème à ce qu’un prestataire refuse un client en raison de sa religion.

Les jeunes salariés de 18-24 ans deviennent les promoteurs de ces comportements séparatistes : 58 % d’entre eux (+27 points depuis 2021) jugent normal de refuser une poignée de main à une personne du sexe opposé. 46 % (+18 points) approuvent le refus de s’asseoir à côté d’une personne de sexe différent, et 40 % (+16 points) ne sont plus choqués si un chauffeur VTC refuse un client en raison de sa religion. Ce n’est pas une simple crise générationnelle. C’est une adhésion assumée à une vision communautariste, séparatiste, anti-laïque.

Par peur d’être taxés d’islamophobie, par crainte d’exercer une quelconque « domination blanche », les 18-24 ans en viennent à saborder les principes fondamentaux de notre pacte républicain. Leur conception biaisée de la tolérance devient l’alliée objective du repli identitaire, du refus de la mixité, de l’expansion d’un islam politique radical.

Il ne s’agit plus d’un débat abstrait. Ceux qui veulent nous faire croire qu’il n’y a là que l’expression d’une jeunesse généreuse se trompent — ou mentent. Ces chiffres sont l’expression d’un basculement, d’un renoncement progressif à l’universalisme au profit du différentialisme, d’un effacement de la laïcité par peur de l’islamophobie, une inversion perverse des repères moraux au nom de la peur d’exclure.

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