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Le 30 décembre 2011 à 11h06

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Article de Laura Raim paru dans le Figaro du 29 décembre 2011, citant la note du CERU : « La jeunesse n’est plus ce qu’elle était … tant mieux ! »


Le PS accuse le gouvernement de «redouter le vote des jeunes», mais pour qui votent-ils vraiment? Si les 18-24 ans continuent d’être ancrés à gauche, l’extrême droite capte une part croissante de leurs intentions de vote. Décryptage.

Le gouvernement «redoute le vote des jeunes». Voilà ce qui expliquerait, selon Benoît Hamon, l’absence de campagne pour pousser les citoyens, et notamment les jeunes, à s’inscrire sur les listes électorales. Le porte-parole du PS sous entendait ainsi jeudi que les jeunes, qui représentent environ 15% du corps électoral, votent à gauche. Mais est-ce bien le cas?

D’abord, le vote des jeunes a toujours été marqué par un fort taux d’abstention. En 2002, 34 % des 18-25 ans ne sont pas allés voter le 21 avril. Si l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour avec Jacques Chirac a marqué les esprits et poussé plus de jeunes à s’inscrire et voter en 2007, le taux d’abstention cette année là a quand même été de 22% chez les 18-24 ans, contre 15,4% pour l’ensemble des Français.

Les jeunes volatils et imprévisibles

Les 18-24 sont une classe d’âge aussi volatile qu’imprévisible. En 1995, ils avaient contribué aussi bien au premier qu’au second tour à la victoire de Jacques Chirac. En 2002, ils avaient voté à 14% pour l’écologiste Noël Mamère et avaient ensuite donné autant de voix à Le Pen qu’à Chirac et Jospin: 13 % chacun.

En 2007, l’ancrage à gauche de la jeunesse a été très marqué, surtout au second tour, où les 18-24 ans ont choisi Ségolène Royal à 58%, contre 47% de la moyenne nationale. «Nicolas Sarkozy avait été ministre de l’Intérieur, un poste qui ne rend pas populaire auprès de la plupart des jeunes», rappelle Bruno Cautrès, politologue au Cevipof. Au premier tour, les jeunes ont également plus voté pour l’extrême gauche, donnant 9% de leurs suffrages à Olivier Besancenot, qui récoltait 4 % des suffrages de l’ensemble des votants.

Qu’en sera-t-il en 2012? Pour le moment, la tendance de 2007 semble se confirmer. Selon le sondage de l’Ifop du 16 décembre, les 18-24 ans se prononcent à 33% en faveur de François Hollande, soit davantage que l’ensemble des Français (27,5%). Ils sont seulement 15% à se prononcer pour le chef de l’État, soit moins que l’ensemble des électeurs (24%). Eva Joly (EELV) remporte 8% des intentions de vote (5% pour l’ensemble des Français). Quant à l’extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon reçoit 8% des intentions de vote des jeunes, soit un peu plus que dans le reste de la population (6,5%).

Le clivage gauche-droite brouillé

Toutefois, une partie croissante de la jeunesse semble se tourner vers l’extrême-droite. Marine Le Pen obtient en effet entre 17 et 28% des intentions de vote des jeunes selon les sondages, contre 20% auprès de l’ensemble des Français. Un fait nouveau par rapport à 2007: seulement 7% des moins de 24 ans avaient voté pour Jean-Marie le Pen, contre 10,5% de l’ensemble des électeurs.

De fait, 49% des jeunes n’ont confiance ni dans la droite ni dans la gauche pour gouverner le pays, d’après le baromètre d’octobre de la confiance politique du Cevipof. «Pour beaucoup d’électeurs le gouvernement ou l’opposition n’ont pas de solutions à la crise économique qui mine le pays depuis 2008, ce qui est potentiellement propice au FN qui livre un message simplificateur: le “welfare chauvin”, autrement dit l’état-providence pour les nationaux», explique Bruno Cautrès. Dans son ouvrage La jeunesse n’est plus ce qu’elle était…tant mieux!, Olivier Vial estime que «l’évolution du vote des jeunes suit sensiblement la même pente que celui des ouvriers qui après avoir été un “électorat captif” de la gauche est aujourd’hui de plus en plus éclaté entre les différents candidats, et pour une part séduit par le vote Front National».

Selon la politogue Anne Muxel, si les jeunes continuent de voter plus à gauche, leur comportement électoral tend à se rapprocher de celui des Français. «Contrairement aux années 60 et 70, le vote des jeunes ne se démarque guère de celui de leurs aînés, explique-t-elle dans L’expérience politique des jeunes. Il n’est plus traversé ni par le désir de changer radicalement la société ni par des visées anticonformistes».

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