L’UNI lancera le mois prochain son centre de recherche, qui regroupera différents acteurs sur des thématiques liées à l’éducation. A cette occasion, l’organisation étudiante souhaite affirmer son positionnement de « think tank ».
Dans une interview à l’AEF, Olivier Vial, délégué général, et Rémi Martial, nouveau délégué national (L’AEF n°101686) évoquent également les résultats des dernières élections étudiantes, le « plan licence » ou encore l’avenir des Crous.
L’AEF : Quelle est la situation de l’UNI aujourd’hui ?
Olivier Vial : Nous regroupons 9 000 étudiants, 3 000 lycéens, 500 professeurs d’universités. Le reste de l’UNI est composé d’anciens adhérents, et de personnes qui nous soutiennent. En tout, nous sommes 26 000. Globalement, le nombre d’étudiants et de lycéens augmente, mais nous tendons à perdre des professeurs. Nous souhaitons aussi, dès cette année, renforcer notre rôle de think tank de l’éducation. En octobre, nous lancerons notre Centre d’études et de recherche. Il regroupera des étudiants, des professeurs, des patrons, des salariés, pour réfléchir aux problématiques d’éducation.
L’AEF : Nicolas Sarkozy a demandé aux jeunes UMP de recruter 20 000 nouveaux adhérents, notamment dans les lycées et les universités. Allez-vous mener campagne ensemble ?
Rémi Martial : Nous avons en effet une complémentarité à jouer. Cependant, même si nous sommes un mouvement associé à l’UMP, nous travaillons avec un spectre plus large, disons du Nouveau Centre au MPF. La moitié de nos membres ne sont pas « encartés ». Et puis, par rapport aux jeunes UMP, qui ont un rôle de défense et de promotion des réformes du gouvernement, notre travail est beaucoup plus syndical, plus indépendant.
L’AEF : Quel bilan tirez-vous des élections étudiantes de cette année ?
Rémi Martial : Dans un contexte électoral difficile pour la droite, notre bilan est positif. Nous avons 214 élus dans les conseils centraux des universités. Nous avons récupéré 265 voix au Cneser, et contre toute attente, nous avons ainsi eu deux sièges (L’AEF n°99511). Cela nous a surpris, car d’autres organisations revendiquaient beaucoup plus de voix qu’elles n’en ont eu.
L’AEF : Comment analysez-vous le recul de la Fage cette année (L’AEF n°94262 et n°99511) ?
Rémi Martial et Olivier Vial : Depuis le CPE, et ensuite avec la LRU, la Fage a amorcé un virage plus politique, pensant sans doute que c’était un moyen de sortir de l’anonymat vis à vis des médias. Elle a pris des positions plus syndicales, politiquement proches de l’Unef. Mais cela s’est fait au détriment de sa base. Du coup, certaines associations membres de la Fage ne se sont pas reconnues. C’est ce qui explique leur perte d’un siège au Cnous (L’AEF n°98198). Un rééquilibrage s’est opéré avec PDE, qui revendique un apolitisme quasi « intégriste ». Cependant, PDE a une position difficile à analyser. Ils ont été virulents contre la LRU, alors que l’autonomie était un de leur créneau. Et puis, ils changent trop souvent de président. A l’UNI, nous revendiquons une certaine continuité [Olivier Vial est délégué général depuis 2002, ndlr].
L’AEF : Quelles sont vos principales revendications en matière de vie étudiante ?
Olivier Vial : Tout d’abord, la création massive de jobs étudiants dans les universités. Ensuite, le développement de bourses au mérite, notamment sur critères universitaires, afin d’attirer les meilleurs bacheliers à l’université. Enfin, le mécanisme des prêts étudiants doit se développer plus largement.
L’AEF : Que pensez-vous du rapport Lambert sur la réforme du réseau des oeuvres sociales (L’AEF n°100996) ?
Olivier Vial : Impliquer davantage les universités dans la gestion du système d’aides sociales est une bonne chose. Mais il faudra s’assurer que si une université veut mener une politique étudiante innovante, elle ne puisse pas être contredite par un Crous. Il faut sortir de la logique castratrice de l’opérateur unique. Les universités devraient développer une offre complémentaire en terme d’aides, de bourses ou de logements. Pourquoi n’attribueraient-elles pas des bourses au mérite pour attirer de très bons bacheliers dans leurs licences scientifiques ? Cela éviterait que les meilleurs éléments n’aillent en prépa.
L’AEF : Quel bilan tirez-vous de la mise en place de la nouvelle gouvernance dans les universités ?
Olivier Vial : La LRU permet à des initiatives, jusque-là étouffées par les lourdeurs administratives, de voir le jour. Elle pousse les universités à aborder des problématiques comme l’insertion professionnelle ou la qualité de vie. Cependant, nous regrettons que les BAIP aient quasiment un an de retard, et que les statistiques sur les débouchés professionnels soient encore très rares.
L’AEF : Comment jugez-vous la mise en place dans les universités du Plan licence ?
Olivier Vial : Nous soutenons ce plan, mais nous pensons que les dispositifs d’orientation ont été bâclés. Ce n’est jamais le point central proposé par les universités, alors que pour nous, c’est un vrai préalable.
L’AEF : Valérie Pécresse s’est jusqu’ici beaucoup occupée de l’université, moins des grandes écoles. Soutenez-vous cette orientation ?
Olivier Vial : Cela nous semble normal : l’université est la grande malade de l’enseignement supérieur. Mais nous sommes très attachés au modèle des grandes écoles, et ne souhaitons en aucun cas une « fusion ». Les écoles donnent un horizon aux universités, dont elles peuvent s’inspirer par exemple pour monter un BAIP, créer un réseau d’anciens…Nous souhaitons cependant que les passerelles entre les deux systèmes soient plus nombreuses.