Quand la Haute Autorité de Santé préfère la théorie du genre à la médecine

Tribune parue dans le JDD le 14 décembre, d’Olivier Vial, directeur du CERU, auteur de « Détrans, les Cassandre de la communauté trans »  

« On n’est pas sérieux quand on a 17 ans… » Et pourtant, si l’on suit les préconisations de la Haute Autorité de Santé (HAS), on pourrait, dès 16 ans, décider de s’engager dans un long parcours de transition de genre, allant du changement d’identité sociale à la prise de lourds traitements hormonaux, en passant par des opérations chirurgicales dont les conséquences sont irréversibles.

Cet avis, rédigé par un comité anonyme, dont l’autorité administrative refuse de révéler les noms et les qualités des personnes qui le composent malgré un recours juridique[1], s’inscrit dans la lignée des thèses portées depuis plusieurs décennies par les mouvements activistes les plus radicaux. Pour eux, le ressenti est désormais la seule vérité que l’on doit prendre en compte. La biologie, l’anatomie sont passées par pertes et profits. Si une personne doute de son identité sexuelle, si elle ressent à un moment donné l’envie de transitionner vers un autre genre, rien ne doit venir ralentir la concrétisation de son ressenti. Les appels à la réflexion ou à la prudence sont immédiatement perçus comme de la violence. Ainsi, la HAS enjoint les médecins qui accueillent les personnes souhaitant transitionner à se contenter d’enregistrer leur souhait sans tenter de proposer une évaluation ou un accompagnement médical : « L’identité de genre ne doit pas faire l’objet d’une évaluation psychiatrique spécifique »[2]Pour les auteurs de ce rapport, tout doit être fait pour simplifier et accélérer les transitions de genre. Ils souhaitent ainsi créer un véritable service public gratuit et rapide offrant un accès facilité aux traitements hormonaux (bloqueurs de puberté, « hormones d’affirmation de genre »), ainsi qu’aux opérations chirurgicales (mastectomie, vaginoplastie, phalloplastie…).  

L’engrenage des transitions précoces

S’interroger sur le bien-fondé à moyen terme d’un tel processus est condamné par les associations transactivistes qui voient, derrière tout appel à la réflexion, un signe de transphobie. Ainsi, de manière outrancière, la HAS envisage que les parents soient déchus de leur autorité parentale s’ils refusent la demande de leur enfant mineur. « Si les parents persistaient à refuser la demande de leur enfant », en effet, dans une telle hypothèse, la HAS préconise alors « un signalement pouvant aller jusqu’à une délégation partielle d’autorité parentale » voire « une déchéance de l’autorité parentale ou une émancipation » »[3].  

Cette précipitation est incompréhensible et néfaste, car, comme l’ont démontré de nombreuses études médicales, chez l’enfant et l’adolescent, la dysphorie de genre peut être un état transitoire. « Selon les études longitudinales faites chez les enfants prépubères (principalement des garçons) adressés à des services spécialisés pour une évaluation de dysphorie de genre, on n’en retrouve la persistance à l’âge adulte que pour 6 à 23 % des sujets »[4]. Pour de nombreuses personnes qui s’identifient précocement comme dysphoriques de genre, on constate qu’avec le temps elles avaient simplement du mal à comprendre leur orientation sexuelle naissante et qu’au fil du temps, elles se définissent simplement comme homosexuelles et non plus comme transgenres.  

Mais attention, si plus de 80 % des cas de dysphorie de genre disparaissent avec le temps, ce n’est plus le cas dès lors qu’une démarche de transition a débuté. Ainsi, par exemple, le Dr de Vries, qui dirige le Centre d’expertise sur la dysphorie de genre du centre médical universitaire d’Amsterdam (CEDH), rappelle que parmi les adolescents qui ont commencé la prise de bloqueurs de puberté, seulement 1,9 % ont interrompu leur traitement. Ils sont alors pris dans un véritable engrenage dont ils ont du mal à s’extraire avant la fin de la transition. En avril 2024, le rapport rédigé par le Dr Cass pour le compte du système de santé anglais souligne que même la première étape, qui aujourd’hui se banalise[5], de transition sociale (changement de prénoms, de pronom, de style vestimentaire…) ne devrait pas se faire sans un avis médical, car c’est un sas d’accélération vers les transitions médicales. 

Le rapport du Dr Cass va à l’encontre des recommandations de la HAS

Ce rapport Cass est le travail le plus exhaustif et sérieux qui existe sur la question. Il a débuté en 2020 et s’appuie sur une revue de l’ensemble des publications scientifiques et médicales sur le sujet. Ses conclusions sont à l’inverse de celles de notre Haute Autorité de Santé. Le rapport Cass tire, par exemple, la sonnette d’alarme sur l’usage des bloqueurs de puberté, qui ont des conséquences sur la fragilité des os, sans qu’il soit démontré que cela améliore le quotidien des patients.  

Pour avoir publié cette étude, le Dr Cass a été menacé de mort. Dans le monde manichéen dans lequel nous entraînent les militants transactivistes, le moindre doute, la moindre remise en cause suscite systématiquement des réactions violentes. Ils veulent nous faire croire que ceux qui s’opposent à eux sont forcément de dangereux réactionnaires, des membres d’une internationale conservatrice. 

Or, les avertissements et les remises en cause des transitions précoces viennent surtout des pays pionniers dans les transitions de genre. Ce sont des médecins, des chirurgiens, des psychiatres qui ont, durant des années, accompagné des patients et pratiqué des transitions, qui aujourd’hui nous appellent à plus de prudence, voire à interdire la prise d’hormones avant 18 ans. Ainsi, le Pr Mickael Landen, l’un des pionniers suédois et des plus grands spécialistes de ces questions, s’inquiète désormais de l’explosion du nombre de cas qui se présente et du profil toujours plus jeune des patients. En Suède, entre 2010 et 2018, le nombre de cas a explosé de 2 345 % et de 2 600 % au Royaume-Uni.  

Ce dernier pays a, dès 2021, adopté un moratoire sur l’usage des hormones pour les mineurs à la suite d’une bataille judiciaire. Là encore, ce ne sont pas des mouvements conservateurs qui ont attaqué l’État et le principal centre réalisant des opérations de transitions de genre. C’est Keira Bell, une jeune femme qui a suivi le protocole de cette clinique et, dès 14 ans, a entrepris une transition de genre : d’abord des bloqueurs de puberté, puis, à 17 ans, une prise de testostérone avant de subir une double mastectomie. À 23 ans, elle a attaqué l’hôpital et l’État pour ne pas l’avoir suffisamment prévenue des risques et des effets secondaires de cette procédure. Elle est malheureusement loin d’être la seule. Une association Post-trans s’est même constituée. Elle rassemble des personnes qui regrettent les opérations qu’elles ont subies et ont entrepris des opérations plus ou moins complètes de détransition. Beaucoup estiment ne pas avoir été suffisamment prévenues et ne pas avoir eu assez de temps de réflexion. Deux choses que s’apprête à leur refuser la Haute Autorité de Santé française.  

La théorie du genre s’impose devant la médecine

Combien de personnes ayant transitionné regrettent-elles leur choix ? Impossible de le savoir précisément. Le Dr Cass avait demandé, dans le cadre de son étude, à avoir les chiffres des hôpitaux anglais. Ces derniers ont refusé. En 2017 déjà, James Capian, un psychothérapeute qui suivait depuis plus de 10 ans des personnes trans, a souhaité consacrer une étude au phénomène de la « détransition ». Son université, l’université de Bath Spa, a rejeté sa demande au motif qu’elle pouvait être perçue comme « politiquement incorrecte ». « Le comité d’éthique de l’établissement craignait que cela déclenche des polémiques sur les réseaux sociaux et nuise à la réputation de l’Université »[6].

Par peur d’être accusé de transphobie ou d’homophobie, de nombreuses mises en garde sont ainsi passées sous silence. La théorie du genre, qui existe bel et bien, y compris dans certains programmes scolaires, comme l’a courageusement rappelé Alexandre Portier[7], finit ainsi par supplanter la science et la médecine. À l’inverse des recommandations de la HAS, un moratoire sur les transitions de genre, comme l’ont fait avant nous l’Angleterre et la Suède, s’impose si nous ne voulons pas utiliser de jeunes mineurs comme cobayes de thérapies médicales dont on connaît désormais les risques.


[1] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/transition-de-genre-la-justice-demande-a-la-haute-autorite-de-sante-de-devoiler-les-noms-de-ses-experts-20240227

[2] Extrait du rapport, cité par Paul Sugy dans le Figaro https://www.lefigaro.fr/actualite-france/la-haute-autorite-de-sante-veut-un-acces-gratuit-a-la-transition-de-genre-pour-tous-a-partir-de-16-ans-20241212

[3] Ibid.

[4] Standards de soin pour la santé des personnes transsexuelles, transgenre et de genre non conforme (2012), The World Professional Association for transgender Health, p. 12.

[5] Une circulaire de Jean-Michel Blanquer l’autorise même à l’école.

[6] https://www.ceru.fr/detrans-les-cassandre-de-la-communaute-trans/

[7] Le ministre démissionnaire à la réussite éducative. https://www.ceru.fr/non-madame-le-ministre-la-theorie-du-genre-nest-pas-une-fake-news/

Transition de genre à 16 ans, le CERU s’y oppose

La Haute autorité de la Santé publique propose de faciliter l’accès aux transitions de genre (gratuité…) pour les adolescents dès 16 ans. Sur le plateau de CNEWS, Olivier Vial, directeur du CERU et auteur d’une note intitulée « Détrans, les cassandre de la communauté Trans » alerte sur les risques que cette proposition comporte. Les pays qui furent pionniers en la matière (Suède, Angleterre…) ont fait marche arrière, car ils ont constaté de trop fréquentes erreurs et dérives.

En France, le sénat a adopté un rapport demandant également un moratoire sur les transitions de genre pour les mineurs. Le CERU, depuis 2021, milite pour un tel moratoire.

Cnews, le 12 décembre 2024.

Non Madame le ministre « la théorie du genre » n’est pas une Fake news ! 

Tribune parue sur Atlantico

« On ne saura jamais tout ce que la peur de ne pas paraître suffisamment à gauche aura fait commettre de lâchetés à nos Français », écrivait Charles Péguy. Cette sentence s’applique malheureusement à perfection aux dernières déclarations de la ministre de l’Éducation Nationale, Annie Genetet, sur la « théorie du genre ».

Petit rappel des faits. Depuis plusieurs mois des associations et des parents d’élèves s’inquiètent de ce qui sera bientôt enseigné aux élèves de la maternelle à la Terminale dans le cadre de l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle EVARS. La première ébauche de ce programme, révélée dans la presse, fait la part belle à des concepts comme l’identité de genre (17 citations), de quoi susciter l’inquiétude légitime des parents. Ces derniers se rappellent l’assaut des militants du genre dans nos écoles qu’avait encouragé en 2013 Vincent Peillon, alors ministre de l’Education nationale. Des livres comme « Papa porte une robe », « Maman est une femme à barbe » avaient été ainsi recommandé pour les enfants des maternelles et du primaires. Najat Vallaud-Belkacem s’était quant à elle prononcé pour que l’orientation sexuelle des grands personnages de notre Histoire et de notre patrimoine culturel soit systématiquement mentionnées dans les manuels scolaires. Les deux anciens ministres socialistes avaient également ouvert en grand les portes des établissements scolaires à des associations militantes, notamment dans le cadre du programme des ABCD égalité. L’inspection générale de l’éducation, elle-même, avait fini par reconnaître que cela était « regrettable de trouver des discours militants non identifiés comme tels et insérés au cœur de développements à portée scientifique, d’entendre des propos parfois confus ou contradictoires, un langage relâché, des exemples malvenus « . C’est sans doute conscient de ces précédents que mercredi dernier en réponse à une question du sénateur Max Brisson, Alexandre Portier, le ministre délégué à la réussite scolaire s’est prononcé fort justement pour la réécriture du programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle et l’exclusion de toutes références à la théorie du genre. Immédiatement, le ban et l’arrière-ban des associations militantes se sont mobilisé pour défendre leur pré-carré et veiller à ce que rien ne vienne remettre en cause leur emprise sur ces programmes. Faute d’arguments, ils ont immédiatement instruit le procès du retour de la réaction conservatrice. 

Le lendemain, en marge d’un déplacement à Marcq-en-Barœul dans la banlieue de Lille, la ministre de l’Éducation Anne Genetet par peur ne pas paraître suffisamment progressiste s’est démarqué de son ministre délégué et s’est mise a martelé le refrain bien connu des militants woke : « La théorie du genre n’existe pas » ! En 2014, c’est Najat Vallaud-Belkacem qui l’avait pour la première fois repris oubliant qu’elle utilisait elle-même cette expression depuis 2011[1].

En niant l’existence de la « théorie du genre », Anne Genetet, tout comme Najat Vallaud-Belkacem à son époque, fait le jeu des mouvements les plus radicaux qui tentent depuis des années d’imposer cette idéologie discrètement, loin du regard des parents.

Et pourtant elle existe !

Contrairement à ce que prétend la ministre, la théorie du genre n’a rien d’une « fake news » inventée par d’horribles mouvements conservateurs. Au contraire, l’expression de « théorie du genre » fut forgée par des universitaires favorables à cette idéologie. En 2009, par exemple, le sociologue français Éric Fassin, qui fut l’un des pionniers des études de genre en France revendique dès l’introduction de son livre Le sexe politiquel’expression « théorie du genre ». En 2013, Anne-Emmanuelle Berger, professeure à l’université de Paris VIII, expliquait également dans le quotidien Libération (peu suspect de sympathie pour La Manif pour tous), que son dernier livre « traite plus particulièrement de l’articulation entre théorie du genre et théorie queer »[2]. Quant à Judith Butler, la papesse des études queer, c’est dans Le Nouvel Obs qu’elle a, en décembre 2013, revendiqué travailler sur le théorie du genre[3]. De tels exemples sont légion !


Si les militants prétendent désormais que la « théorie du genre » n’a jamais existé, c’est car ils préfèrent avancer leur pion discrètement. Changer de nom pour mieux faire passer la pilule, le procédé est connu.  


Une théorie enseignée depuis plus de 10 ans dans les universités 

L’objectif de cette théorie est, selon l’expression de Judith Bulter qui fut la théoricienne du mouvement Queer avant de devenir l’égérie des admirateurs du Hamas, est de « semer le trouble » dans le genre pour dénaturaliser les évidences biologiques.

C’est l’idée que l’identité sexuelle est avant tout une construction sociale et qu’il est important de s’affranchir des considérations biologiques et anatomiques qui sont censées brimer les individus. Dans son livre Des sexes innombrables, le genre à l’épreuve de la biologie, le Professeur Thierry Hoquet écrit : « La biologie nous biaise. Patriarcale, elle s’est vautrée dans l’androcentrisme et l’hétérosexisme, deux maladies dont il faut guérir ». Sic !

Éric Fassin ajoute, dans son ouvrage Homme, femme, quelle différence, que la nature et la biologie sont oppressives : « S’il importe de dénaturaliser la différence des sexes, c’est que sa naturalisation comporte une part de violence. Imposer la norme au nom de la nature, c’est renvoyer tous ceux qui ne veulent ou ne peuvent s’y reconnaître non seulement dans l’anormalité mais aussi dans l’enfer des vies ‘contre nature’ »Re-Sic!

Voilà sur quoi repose la théorie du genre, enseignée depuis des années dans nos universités, et qu’il convient absolument de proscrire dans les écoles maternelles et primaires.

Le Planning Familial, une ressource officielle

Des associations, dont certaines sont agréées par le ministère, concourent également à la diffusion de cette théorie. Ainsi, le Planning Familial publie des documents extrêmement militants à l’attention des adolescents. Il tente d’imposer leurs mots et leurs définitions des choses pour façonner les imaginaires des plus jeunes. Dans son lexique[4], une ressource pédagogique disponible sur son site, le Planning famillial fait passer des définitions extrêmement militantes pour des définitions neutre et communément admise. Ainsi, pour eux, sexe se définit : « un construit social basé sur des observations moyennes des différences biologiques entre les genres. Il est communément admis scientifiquement que le sexe est un spectre. Peut également désigner l’appareil génital »Sic ! Quant au terme « genre », il est défini ainsi : « Classe sociale construite culturellement. En Occident, cela admet deux catégories dont une dominée : les femmes ; et une autre dominante : les hommes ». Re-Sic !

Les jeunes apprennent également que si, par exemple, ils sont nés homme et qu’ils continuent à s’identifier comme des hommes, c’est parce qu’ils sont atteints d’« euphorie de genre »… une bien étrange pathologie.

La théorie du genre une menace pas une fake news

Voici quelques éléments Madame le ministre qui prouve que la théorie du genre, n’est malheureusement pas une fake news. C’est une menace pour les enfants les plus fragiles qui peuvent comme l’atteste de plus en plus de pédopsychiatre semer de la cionfusion et de la soufrance dans leurs esprits. Certains pionniers des transition de genre, comme nous le signaliiopns dans une note dès 2021, s’inqu’iete désormais de l’influence de cette idéologie sur les jeunes adolesentes qui sont de plus en plus nombreuses à s’engager dans de lourds parcours médicaux de changement de sexe avant de le regretter.  

L’école est là pour instruire, pas pour « déconstruire » la vie intime des élèves. Protéger les enfants c’est d’abord ne pas oublier cela ! 


[1] https://www.20minutes.fr/politique/778750-20110831-theorie-genre-il-essentiel-enseigner-enfants-respect-differentes-formes-didentite-sexuelle-afin-batir-societe-respect

[2] https://www.liberation.fr/sexe/2013/04/29/la-theorie-du-genre-a-toujours-ete-queer_899849/

[3] https://www.nouvelobs.com/essais/20131213.OBS9493/theorie-du-genre-judith-butler-repond-a-ses-detracteurs.html

[4] https://www.planning-familial.org/fr/medias/lexique-transpdf